Nos vies s’envolent comme des étincelles, lisibles un instant… puis aussitôt disparues.
Une vie n’a qu’un seul chapitre : celui d’un être dont les dernières lignes sont tracées par un autre – un vivant qui, à travers son chagrin, écrit le mot « fin » au livre d’un ami, d’un parent.
Combien de fins déjà écrites par des milliards de femmes et d’hommes ? Que deviennent-ils, ces écrivains du temps qui ignorent qu’ils écrivent en boucle leurs vies et la fin de celles des autres, sur des pages imaginaires, inexistantes, d’une matière inconnue que les hommes n’ont toujours pas su s’approprier en la baptisant d’un assemblage de quelques lettres ?
Les hommes sont de grands baptiseurs : ils s’approprient des lisibles illisibles, à peine nés. Ces écrivains du temps ont-ils poursuivi leur récit au-delà de leur propre lisible ?
Et toujours cette autre interrogation : s’ils ne demandent plus rien, les morts, c’est peut-être qu’il n’y a rien après ?
J’écris ces mots. Je suis là, vivant parmi les vivants, vivant parmi vous, et vous avec moi pour quelques instants encore. Mais suis-je vivant ? Sommes-nous vivants à cet instant déjà passé où j’écris ces mots ?
Comment vous dire… je ne trouve pas les mots. Je ne sais pas ce qui me passe par la tête ; trop de pensées se bousculent…
Je me demande si les vies qui nous sont attribuées n’ont pas, tout comme la lumière et le son, leurs vitesses propres, et si nos corps – simples véhicules terrestres – ne leur servent pas seulement d’abris temporaires, le temps pour elles de passer d’un être à un autre depuis des milliards d’années. Aussitôt, je me dis que c’est totalement idiot, absurde. Mais en écho, je me dis que ce n’est pas impossible, en regard de cette invraisemblable accumulation dans nos cerveaux, en un temps si court : celui de l’existence de ces véhicules terrestres.
De tous les mots que j’ai sélectionnés et arrangés en sections pour cet ouvrage que j’ai baptisé « Quoi ? » afin d’en donner un peu l’idée déglinguée et folle, je me demande, au stade de l’avancement où j’en suis, si la section « Nos lisibles » ne sera pas la plus folle.
Mais la vie est folle – si folle que des scientifiques, comme je vous en ai parlé dans la section consacrée au temps, vont jusqu’à imaginer qu’elle soit simulée ; que nos vies soient simulées par un monde plus avancé, quelque chose que mon embryon d’instruction ne me permet pas de développer. Une existence, ou plusieurs, dans une autre dimension ?
« Quoi ? » n’a pas de chapitres, mais des sections, forcément bancales, redondantes, comme si chaque mot cherchait à réécrire le précédent – parce qu’au fond, l’auteur comme le lecteur savent qu’ils ne maîtrisent pas grand-chose à ce qu’ils lisent de la vie.
Crédit image : Pixabay
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