Chapitre 23 Durant ses instants de solitude, Raoul aimait à se torturer de souvenirs jusqu’au plus profond épuisement… Mais Ivanna n’était-elle qu’un souvenir, puisqu’elle vivait dans sa tête, inoubliable, intemporelle ? Une chose, une seule, pouvait la ramener au rang de souvenir : son visage, le visage de sa jeunesse ! Lui, le vieillard devenu, savait comme une impossibilité que son visage de jeune femme ne l’accompagna pas jusqu’à sa mort… Il n’avait pu la voir vieillir et il lui était à présent impossible à jamais qu’il la voie devenue vieillarde… Il en était finalement heureux. Mais lorsqu’il pensait à l’autre, à cet inconnu qui l’immortalisa si jeune et si belle dans cette grande avenue de New York, il se torturait, il n’avait pas eu sa chance à lui, l’autre… Plus que quatre petits jours, par quoi commencerait-il avec Clarisse ? Seul, enfoncé dans un fauteuil du salon, il remâchait… — Il a quoi papi ? demanda Mathilde à sa grand-mère venue les rejoindre dans sa chambre. — Oui,